En remorquant Jéhovah de James Morrow

Titre original : Towing Jehovah

Date de la première publication : 1994

Édition lue : Editions Au Diable Vauvert, 2000, traduit par Philippe Rouard

Genre : contemporaine, fantastique, humoristique

Pages : 442 pages

A conseiller : à ceux qui n’ont pas peur de situations absurdes, à ceux qui aiment réfléchir sur la métaphysique et à ceux qui souhaitent un roman délicat à définir.

Public : adulte

 

Synopsis : Dieu est mort et son corps flotte quelque part dans l’Atlantique. Les anges sont descendus sur Terre afin de confier la mission à quelques humains d’emmener le corps dans les glaces du nord qui lui serviront de dernière demeure. Cependant, tout le monde ne souhaite pas que ce voyage se passe bien.

Raison de ce choix : J’ai beaucoup entendu parler de James Morrow et notamment aux Imaginales et j’avais hâte de découvrir cet auteur qui, en plus de bien écrire, est charmant.

Avis : Même si j’ai beaucoup aimé ce livre, je pense que je n’étais pas dans les meilleures conditions pour l’apprécier pleinement. En réalité, j’ai été séduite au départ et au fur et à mesure que j’avançais, j’ai un peu perdu cette flamme qui me faisait passer les pages et ce n’était pas à cause du récit ou du style de l’auteur. Mais tout simplement, c’est un livre qui est exigeant vis-à-vis du lecteur et qui donne énormément de pistes de réflexions. Et durant la période de lecture de ce roman, je n’avais pas nécessairement la tête à réfléchir. Maintenant que vous savez cela, je peux passer à la critique proprement dite.

Le postulat de départ est prometteur : Dieu est mort. C’est une découverte qui touche tout le monde peu importe ses croyances et qui peut ébranler de nombreuses convictions. C’est pourquoi cette nouvelle doit rester secrète mais comment peuvent réagir ceux qui sont au courant ? Et c’est ici que l’auteur est brillant : il ne propose pas une critique d’une ou de plusieurs religions mais il essaye de montrer que cela peut avoir un effet sur chacun d’entre nous. Ainsi, la galerie des personnages est large avec chacun ses envies, ses failles et ses croyances. Ce n’est pas une critique binaire que nous propose James Morrow, mais celle d’une société fanatisée (à tout point de vue, ce n’est pas le privilège des religions) et consumériste.

Ainsi, on croise Anthony Van Horne, capitaine déchu d’un pétrolier qui a déversé son contenu dans une baie et qui recherche le pardon d’un père, Cassie, une jeune féministe, Oliver, son fiancé et héritier d’une grosse fortune qui souhaite l’impressionner ou encore Thomas Ockham, un jésuite qui essaye de prouver la religion par la science… Même s’ils sont parfois caricaturaux, l’auteur arrive à rendre juste leurs sentiments et leur humanité. La diversité des personnages secondaires et de leurs convictions doit permettre à chaque lecteur de se retrouver dans l’un ou l’autre et de se poser la question de la force d’une croyance.

Alors oui, James Morrow nous emmène dans une aventure hautement philosophique mais il enrobe le tout dans une écriture facile sans fioriture et sans effets de jambe. Bref, j’ai aimé cette simplicité tout apparente qui se révèle en réalité très riche. En lisant cette aventure maritime rocambolesque et cruelle, on se surprend à sourire parfois et le message porté est, pour moi, d’autant plus fort. Ce n’est peut-être pas le meilleur roman pour commencer à lire cet auteur (le thème étant pour moi un peu délicat à appréhender entièrement), mais ça ne m’empêchera pas de lire d’autres romans de cet auteur qui sont quelque part au chaud chez moi.

 

Finalement : Ce n’est peut-être pas le meilleur roman pour commencer à lire James Morrow. C’est ambitieux et exigeant. Que ferions-nous si nous découvrions que Dieu existe ? Mais les situations absurdes et le style de l’auteur font passer agréablement le tout. Je vais poursuivre dans ma découverte de cet auteur.

Mon impression : Passionnant

Note : 16

Et vous, qu’en avez-vous pensé ? Souhaitez-vous vous lancer dans cette aventure un peu mystique ?