Ceux qui sauront de Pierre Bordage

Couverture Ceux qui sauront
Illustration de Vincent Madras

Date de la première publication : 2008

Edition lue : J’ai lu, 2010

Genre : Science-fiction, uchronie, jeunesse

Nombre de page : 318 pages

A conseiller : à ceux qui ont envie de découvrir l’uchronie car cela peut être un bon commencement dans le genre, à ceux qui aiment les histoires simples mais pas simplistes car il n’y a pas besoin de se prendre la tête à comprendre l’intrigue et à ceux qui veulent réfléchir sur notre monde car l’auteur a une réflexion sur l’importance du savoir et sur la liberté de l’être humain.

Public : adolescent, jeune adulte et adulte.

Synopsis : En 2008, la monarchie est toujours en place en France. Les plus riches se sont appropriées les technologies, maintiennent le peuple dans l’ignorance et réprouvent violemment les tentatives de révoltes.

Jean est un cou noir, un fils d’ouvrier, voué à des travaux de labeur. Cependant, il rêve d’autres choses : de voyage et de liberté. C’est pourquoi il suit des cours du soir où il apprend à lire, à écrire et à compter et ce malgré la loi qui le lui interdit.

Clara est l’aînée d’une famille aisée : son père vient d’être fait chevalier et il a accepté le poste de directeurs de la Banque Royale. Elle évolue dans les hautes sphères du royaume et elle aime cette vie même si elle aimerait découvrir le monde. Lorsque ses parents lui disent qu’ils lui ont choisi un mari, elle espère qu’un événement inattendu changera son destin.

Raison de ce choix : J’avais acheté le tome 2 en occasion sans savoir qu’il existait un tome 1. C’est le thème de l’uchronie qui m’a attiré ainsi que les titres qui, je trouve, sont poétiques.

Qu’est-ce que l’uchronie ? L’uchronie est un genre de la science-fiction. L’auteur réécrit l’Histoire en modifiant un événement (appelé le point de divergence) qui provoque un changement du monde que l’on connait actuellement.

Souvenez-vous de Sliders : un groupe de personne voyage de monde parallèle en monde parallèle afin de retrouver leur monde d’origine. Dans la majorité des épisodes (je n’ai pas vu tous les épisodes, mais le ressort scénaristique semble être le même), on trouve une uchronie, un événement a changé la face du monde. Par exemple, l’URSS est sur le point de gagner la Guerre Froide, l’Amérique est toujours sous le joug de l’Empire britannique, les dinosaures n’ont pas disparu, la technologie moderne n’a jamais existé…

Bref l’uchronie est une façon de raconter le monde si certaines choses ne s’étaient pas passées ou passées différemment.

Avis : L’idée de départ est originale : la monarchie existe toujours. Non par parce que la Révolution française n’a pas eu lieu (comme indiqué sur la 4e de couverture), mais parce qu’elle n’a pas marché comme souhaité et que la royauté a repris ses droits. On apprend par la suite que des révoltes successives se sont toutes finies dans un bain de sang. On rencontre aussi ici et là des personnes ou des situations connues. Cependant, j’ai trouvé que toutes les explications n’étaient pas données de manière optimale et j’ai eu quelques difficultés à trouver et à comprendre les points de divergence ; d’ailleurs je ne sais toujours pas pourquoi la Révolution française n’a pas fonctionné. En outre, l’auteur parle beaucoup d’autres royaumes notamment via une sorte d’internet mais très verrouillé et on a l’impression qu’aucune démocratie n’a vu le jour. Ce sont des points qui seront peut-être explicités dans les deux autres tomes : le deuxième nous emmenant aux Etats-Unis (pour nous).

Le récit commence par un prologue que j’ai aimé. Prenant le point de vue de Madga qui souhaite devenir une enseignante clandestine, l’auteur nous permet d’entrer dans le vif du sujet et de comprendre assez rapidement l’atmosphère du roman. Par la suite, on laisse cette femme courageuse (que l’on retrouvera par la suite) pour alterner les points de vue entre Jean et Clara. Il est vrai que l’histoire met un peu de temps à se mettre en route, mais je n’ai pas eu réellement cette impression jusqu’à ce que les choses s’accélèrent. Mais cette mise en route est nécessaire :  elle permet de comprendre le changement dans la personnalité et les envies des deux héros. Il est donc nécessaire qu’ils vivent des péripéties.

J’ai eu un peu peur de me retrouver face à des personnages archétypaux et caricaturaux, notamment concernant Clara qui aurait pu vite devenir une tête à claque. Mais, Pierre Bordage s’en sort sans trop de mal. Pour moi, ce roman étant destiné en priorité à la jeunesse, on n’échappe pas à quelques clichés mais qui ne gâchent pas l’ensemble. J’ai apprécié le changement de caractère de Clara qui ne se fait pas abruptement mais plutôt en douceur et sans rancœur : elle prend conscience de ce qui l’entoure et découvre le libre arbitre mais sans réellement se révolter outre mesure.

Parce qu’au final, ce qu’essaye de nous faire comprendre le livre, c’est que la connaissance est d’une importance considérable et que par truchement, nous avons de la chance de pouvoir nous éduquer. Il s’agit aussi de faire une critique des dictateurs qui empêche leur peuple d’accéder aux technologies et donc au progrès pour les maintenir dans leur ignorance et leur servilité. Par exemple, le lave-linge existe mais n’est pas accessible afin de ne pas libérer du temps qui pourrait être utilisé pour contester. On retrouve aussi divers thèmes (la résistance, la trahison, la violence, le pacifisme, le secret…) qui ne sont pas traité de manière manichéenne. Tout est subtilement suggéré et c’est au lecteur de se forger sa propre opinion.

Les personnages secondaires sont aussi intéressants que les héros, chacun ont leur histoire et leurs faiblesses et donne une autre dimension à l’histoire. Je pense notamment à une scène que je ne peux vous dévoiler au risque de vous gâcher la lecture, mais on voit que l’être humain est prêt à tout pour ses rêves même à trahir ses amis. Et nous espérons ne jamais être mis à leur place.

Autrement, je n’ai pas aimé la fin. Même si elle est prévisible (ainsi que quelques autres mécaniques), je ne pensais pas que l’auteur conclurait comme ça son récit, mais surtout en ajoutant un mot ‘FIN’ qui fait penser qu’il n’y a aucune suite. Je déteste les fins trop ouvertes, mais heureusement, je sais qu’il y a une suite que je vais lire le plus rapidement possible afin de retrouver ce duo attachant et voir comment ils pourront faire changer les choses.

Finalement : Un livre qui m’a séduite par son histoire et ses personnages. Même s’il a un côté jeunesse, les thèmes abordés sont bien traités et permettent de réfléchir sur notre monde actuel. J’ai hâte de lire la suite.

Mon impression : Passionant

Note : 16

Et vous ? qu’en avez-vous pensé ? est-ce que l’uchronie est un genre qui vous intéresse ?

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